A.S. est un jeune chômeur originaire de l'Est mauritanien. Débarquant à Nouakchott il y a quelques années avec l'espoir d'un avenir meilleur, il se lança d'abord dans un commerce à l'étal qui échoua rapidement. Il devint ensuite vigile et commença à amasser des économies pour s'acheter un taxi. Mais il perdit son emploi avant d'atteindre son objectif. Un de ses proches lui apprit alors à conduire et le mit en contact avec un commerçant qui lui confia un véhicule, moyennant un versement quotidien jusqu'au paiement complet de sa dette.
Après deux mois de versements, notre taximan a croisé, la semaine dernière, un jeune homme qui lui a proposé de louer sa voiture pour quelques heures contre 15 000 MRO, frais de carburant en sus. Attiré par l'apparente bonne affaire, A.S. accepte sans hésiter et embarque avec son client, qui lui demande de s'arrêter à la première station-service. « Voilà les quinze mille que je te donne en avance et cinq mille de plus pour le carburant. » Pendant qu’A.S. discute avec le pompiste, son locataire lui passe encore deux mille ouguiyas, lui demandant d'aller acheter des boissons. Tout heureux que les choses se passent si bien, notre taximan s'exécute… sans penser à prendre les clefs du véhicule.
Tout va alors très vite : une fois l'approvisionnement en gasoil achevé, le voyou se met au volant, démarre et disparaît tranquillement avec la voiture.
A.S. a déclaré le vol dans plusieurs commissariats. Une fois informé, le commerçant a porté plainte contre lui. Bien que les caméras de surveillance de la station-service aient enregistré tous les détails de la scène, c’est le pauvre taximan qui se retrouve derrière les barreaux… tandis que le voleur court toujours.
LE CALAME (8-5-2024)